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Page:Koschwitz - Les Parlers Parisiens, 1896.pdf/120

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Dans cette fameuse Préface de Cromwell, qui fut, en France, le programme de la révolution littéraire, Victor Hugo écrivait ceci: «La queue du XVIIIe siècle traîne encore dans le XIXe; mais ce n’est pas nous, jeunes hommes qui avons vu Bonaparte, qui la lui porterons.»

Eh bien, Victor Hugo se trompait, et il en a fait amende honorable.

En ce qui me concerne, j’affirme que jamais, pour le bien comme pour le mal, le XVIIIe siècle ne nous a autant dominés qu’aujourd’hui.

Je n’éprouve aucun embarras à trouver devant moi Voltaire. Car, pour Rousseau, je l’ai nommé, mais je n’en parlerai pas aujourd’hui. Son déisme n’a jamais été aussi clair, aussi ferme que celui de Voltaire, et même, dans l’ouvrage qui contient ses dernières pensées religieuses, les Lettres écrites de la montagne, il réclame avec énergie, presque avec colère, le titre de protestant. Il affirme, à sa manière il est vrai, mais enfin il affirme, la révélation chrétienne et la divinité de Jésus-Christ, et je ne vois pas comment les pasteurs sociniens de Genève ont pu l’exclure justement de l’Église chrétienne, telle qu’ils la concevaient.

Je disais que je n’éprouve aucun embarras à rencontrer, dans un sujet auquel elle s’impose et dans une heure où malheureusement elle divise et passionne, la grande mémoire de Voltaire. Je ne suis