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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/203

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l’Assemblée, dont il commençait à suivre les travaux avec intérêt. En même temps, le peuple les influençait lui-même dans un sens démocratique.

Ainsi, l’Assemblée eût peut-être accepté le système des deux Chambres, « à l’anglaise ». Mais le peuple n’en voulut à aucun prix. Il comprit d’instinct ce que de doctes juristes ont si bien expliqué depuis — qu’en révolution une seconde chambre était impossible : elle ne peut fonctionner que lorsque la révolution s’est épuisée et que la réaction a déjà commencé.

De même, c’est encore le peuple qui se passionna contre le veto royal, bien plus que ceux qui siégeaient à l’Assemblée. Ici encore il comprit très bien la situation, car si, dans le cours normal des affaires, la question de savoir si le roi pourra ou non arrêter une décision du parlement perd beaucoup de son importance, c’est tout le contraire pendant une période révolutionnaire. Non pas que le pouvoir royal devienne à la longue moins offensif ; mais en temps ordinaire un parlement, organe des privilégiés, ne vote généralement rien, que le roi ait besoin d’arrêter par son veto dans l’intérêt des privilégiés ; tandis que pendant une époque révolutionnaire les décisions d’un parlement, influencées par l’esprit populaire du moment, tendant à consacrer la destruction d’anciens privilèges, et par conséquent, elles rencontreront nécessairement l’opposition du roi. Il usera de son veto, s’il a le droit et la force de le faire. C’est ce qui était arrivé en effet avec les arrêtés d’août et même avec la Déclaration des Droits.

Malgré cela, il y avait dans l’Assemblée un parti nombreux qui voulait le veto absolu, — c’est-à-dire,