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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/402

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dépendance nationale, et les garantir eux-mêmes de la vengeance de l’émigration armée.» (P. 394)[1].

Les principaux journaux, tels que le Moniteur, les Révolutions de Paris de Prud’homme, approuvent, tandis que les autres, comme les Annales patriotiques et la Chronique de Paris, et même Brissot dans le Patriote français, se bornent à quelques mots froids et indifférents sur ces journées. Quant à la presse royaliste, il est évident qu’elle s’est emparé de ces faits pour faire circuler pendant un siècle les récits les plus fantaisistes. Nous ne nous occuperons pas de les contredire. Mais il y a une erreur d’appréciation qui se rencontre aussi chez les historiens républicains et qui mérite d’être relevée.

Il est vrai que le nombre de ceux qui tuèrent dans les prisons ne se montait pas à plus de trois cents hommes. Sur quoi on accuse de lâcheté tous les républicains qui n’y ont pas mis fin. Rien n’est cependant plus erroné que ce calcul. Le chiffre de trois ou quatre cents est correct. Mais il suffit de lire les récits de Weber, de mademoiselle de Tourzel, de Maton de la Varenne, etc., pour voir que si les meurtres étaient l’œuvre d’un nombre limité d’hommes, il y avait autour

  1. Il n’y a pas de doute que les ministres girondins savaient très bien ce qui se passait dans les prisons. On sait que Servan, ministre de la guerre, se rendit le 2, dans l’après-midi, à la Commune, où il prit rendez-vous, pour les huit heures, avec Santerre, Pétion, Hébert, Billaud-Varenne, etc., pour discuter les mesures militaires. Il est évident qu’à la Commune on parla des massacres, et que Roland en fut averti, mais que Servan, comme les autres, se dit qu’il fallait courir au plus pressé, — aux frontières, et ne pas provoquer, sous aucun prétexte, la guerre civile en France.