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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/404

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C’est que, au beau milieu des massacres, le matin du 4 septembre, l’Assemblée se décida enfin, sur la proposition de Chabot, à prononcer la parole si longtemps attendue. Dans une adresse aux Français, elle déclara que le respect pour la future Convention empêchait ses membres de prévenir, par leur résolution ce qu’ils attendent de la nation française ; mais qu’ils prêtaient, dès maintenant, comme individus, le serment qu’ils ne pouvaient prêter comme représentants du peuple : « de combattre de toutes leurs forces les rois et la royauté ! » Pas de roi ! Jamais de capitulation, jamais de roi étranger ! Et dès que cette adresse fut votée, malgré la restriction qui vient d’être mentionnée, les commissaires de l’Assemblée qui se rendirent aux sections avec cette adresse furent reçus sur-le-champ avec empressement, et les sections se chargèrent de mettre fin aux massacres.

Il fallut cependant que Marat conseillât au peuple, très instamment, de massacrer les fourbes royalistes de l’Assemblée législative, et que Robespierre dénonçât Carra et les Girondins en général, comme disposés à accepter un roi étranger ; il fallut que la Commune ordonnât des perquisitions chez Roland et Brissot, pour que le Girondin Guadet vînt apporter, le 4, — seulement le 4 — une adresse par laquelle les représentants étaient invités à jurer de combattre de toutes leurs forces les rois et les royautés. Si une déclaration nette de ce genre avait été votée immédiatement après le 10 août, et si Louis XVI avait été mis en jugement, les massacres de septembre n’auraient certainement pas eu lieu. Le peuple aurait vu l’impuissance de la conjuration royaliste,