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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/587

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tagne. Mais c’est de Caen que vint Charlotte Corday, pour assassiner Marat. Influencée par tout ce qu’elle entendait dire autour d’elle contre la république des sans-culottes montagnards, éblouie peut-être par les airs de « républicain comme il faut » que se donnaient les Girondins venus à Caen, où elle se rencontra avec Barbaroux, Charlotte Corday se rendit le 11 juillet à Paris, pour tuer quelqu’un des révolutionnaires en vue.

Les historiens girondins, qui tous haïssaient Marat, l’auteur principal du 31 mai, ont prétendu que Charlotte Corday était une républicaine. C’est absolument faux. Mademoiselle Marie-Charlotte Corday d’Armont était d’une famille archi-royaliste, et ses deux frères étaient émigrés ; elle-même, élevée au couvent de l’Abbaye-aux-Dames, de Caen, vivait chez une parente, madame de Breteville, « que la peur seule empêchait de se dire royaliste ». Tout le « républicanisme » prétendu de mademoiselle Corday d’Armont consistait à ce qu’elle refusa un jour de boire à la santé du roi, et expliqua son refus en disant qu’elle serait républicaine, «si les Français étaient dignes de la République». C’est-à-dire, qu’elle était constitutionnaliste, probablement feuillante. Wimpfen prétendait qu’elle était royaliste tout de bon.

Tout porte à croire que Charlotte Corday d’Armont ne fut pas une isolée. Caen, nous venons de le voir, était le centre de l’Association des départements réunis, soulevés contre la Convention montagnarde, et il est très probable qu’un complot avait été préparé pour le 14 ou le 15 juillet ; qu’il était question de tuer, ce jour--