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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/733

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rent possession de ces terres, et les vendirent, surtout aux bourgeois.

On comprend la curée qui se produisit lorsque des terres, dont la valeur totale se montait de dix à quinze milliards, furent mises en vente, en quelques années, dans des conditions extrêmement avantageuses pour les acquéreurs, et qu’il fut loisible de rendre encore plus avantageuses en recherchant la protection des nouvelles autorités locales. De cette façon se constituèrent sur les lieux ces « bandes noires », contre lesquelles s’émoussait l’énergie des représentants en mission.

Graduellement, l’influence pernicieuse de ces pillards, renforcés par les agioteurs de Paris et les fournisseurs de l’armée, remontait jusqu’à la Convention, où les Montagnards honnêtes se voyaient débordés, impuissants à contenir les « profiteurs ». En effet, que pouvaient-ils leur opposer ? Les Enragés une fois écrasés et les sections de Paris paralysées, — que leur restait-il, sinon le Marais de la Convention ?

La victoire de Fleurus, remportée le 26 juin (8 messidor) sur les Autrichiens et les Anglais réunis, — victoire décisive qui mit fin du côté du Nord à la campagne de cette année, — et les succès remportés par les armées de la République dans les Pyrénées, du côté des Alpes et du Rhin, ainsi que l’arrivée d’un transport de blé d’Amérique (au prix du sacrifice de plusieurs vaisseaux de guerre) — ces succès mêmes servaient de puissants arguments aux « modérantistes », qui avaient hâte de rentrer dans « l’ordre ». — « À quoi bon le gouvernement révolutionnaire, disaient-il, puisque la guerre touche à sa fin ? Il est temps de rentrer dans le régime légal, et