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Page:Léo Taxil - Les trois cocus.pdf/61

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LES TROIS COCUS

Le jeune homme tendit la main à Campistron.

— Mes compliments, colonel, vous êtes le génie de la perspicacité… Je n’aurais pas trouvé la clef de l’énigme ; mais, saperlotte, c’est bien cela…

Campistron triomphait.

— Un coquillage, ça ne signifierait rien…

Et, s’adressant à sa femme, il ajouta :

— Pauline, je n’ai pas influencé monsieur… Conviens que tu as perdu le dîner…

— Quel dîner ?… Tu as parié vingt francs…

— Cela ne fait rien… En ma qualité de gagnant, je change l’enjeu… Tu as donc perdu un dîner, et nous l’offrirons à monsieur en l’honneur de Pélagie, le jour où tu n’en auras plus peur.

— Comment ! objecta Robert qui n’était pas au bout de ses surprises, madame a peur de Pélagie ?

— Oh ! monsieur, je vous en prie, ne croyez pas un mot de ce que dit M. Campistron.

— Ta, ta, ta… Quand j’ai envoyé Placide prier monsieur de vouloir bien nous permettre de le déranger, tu as été toute bouleversée… Ne dis pas non !… Ta figure a passé par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel… C’est comme Mme Paincuit… Était-elle épouvantée tantôt, la malheureuse !… Et le père Orifice donc !… Ah ! monsieur Laripette, vous pouvez vous vanter d’avoir mis la maison sens dessus dessous avec votre culotteuse de pipes !…

— Que voulez-vous ? Il est de ces amitiés bizarres, mais fidèles, dont on ne peut se séparer.

Le colonel rapprocha sa chaise de celle de Robert et lui dit :

— Vous la garderez avec vous ?

— Oui.

— Je vous préviens que le président, le locataire du second, doit se plaindre demain au propriétaire… Il disait tantôt que c’était indécent et qu’une maison qui se respectait…

— Il pourra dire tout ce qu’il voudra… Pélagie est chez moi ; le bail, que j’ai signé, est bel et bien signé aussi par le propriétaire ; il n’y a pas de président qui tienne, Pélagie restera.

— Est-ce depuis longtemps que vous l’avez ?

— Depuis trois ans.

— Et, s’il n’y a pas d’indiscrétion, est-elle jeune ?

— Pour ça, vous comprenez, je n’ai jamais vu son acte de naissance…