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Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/145

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LE MOT ET CE QU’IL ÉVOQUE.

et de leurs mimiques complète ces évocations héréditaires.

Le balbutiement, le bégaiement, le bredouillement, l’hésitation sur certaines consonnes et certaines syllabes, sont des troubles passagers, portant sur l’avant-mot, tenant au tremblottement de la mémoire héréditaire, ou de la mémoire personnelle devant un soi peu actif. Ces troubles sont plus tenaces dans le premier cas que dans le second. Ils se remarquent chez les hérédos. Chez les timides (l’origine de la timidité est tantôt un défaut physique, tantôt une difficulté d’élocution, qui inhibent la décision volontaire) certaines locutions bizarres, telles que « n’est-ce pas », « est-ce pas », ou « le… le chose », ou « tout de même », sont intercalées dans la période d’avant-mot et hachent comiquement le discours. Parfois aussi, un geste quelconque, passant à l’état de tic, vient en aide à l’expression de la pensée, au réveil de la double mémoire.

D’une façon générale, les termes concrets sont des prélèvements attractifs opérés par le soi sur une même personimage, les termes abstraits des prélèvements attractifs opérés par le soi sur une série de personimages, à l’aide d’un rayonnement plus intense ou plus durable. Ces termes, transmis héréditairement, deviennent à leur tour des images d’images d’images, des figures au deuxième et au troisième degré, qui gagneront en amplitude ce qu’elles perdront en pénétration et en vigueur. On