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Page:L’Écho foutromane, 1880.djvu/51

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suite, dans cet état, ayant néanmoins toujours l’espérance qu’il ne peut tarder, elle se promène dans sa chambre. Les glaces réfléchissent mille charmes capables d’animer les témoins muets qui l’entourent. Qu’elle étoit belle ! Elle-même, tout profondément affligée qu’elle étoit, ne pouvoit se défendre de se contempler, et ses appas avoient l’art de distraire sa douleur.

Enfin elle s’étend sur son lit, elle s’agite en cent manières, elle prend diverses attitudes qu’elle renouvelle sans cesse, et l’idée d’un plaisir qu’elle ne peut connoître seule et que cette fatale nuit lui devoit, la met hors d’elle-même. Ô nuit cruelle et désastreuse ! Que tu lui parus longue ! Elle ne put clore ses paupières larmoyantes ; elle fut debout de grand matin ; les pleurs la suffoquoient, et ne pouvant résister à ses maux et surtout à son tempérament abusé, elle passe dans un appartement voisin comme pour échapper à l’idée des plaisirs, dont son lit devoit être le théâtre, se jette sur son canapé et fond en larmes.

Favori, son chien fidèle, dont nous n’avions pas encore eu occasion de parler, veut partager les chagrins cuisans de sa maîtresse : il monte sur le canapé où elle étoit négligemment penchée, l’es-