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Page:L’Écho foutromane, 1880.djvu/68

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amans, quel que soit leur nombre, ne sont jamais inutiles. Il fallut, pour cette fois, subir un ordre rigoureux. Madame étoit, par cas fortuit, en petit conciliabule avec une ancienne amie, et elle avoit fait dire que dès que ses trois complaisans arriveroient on les priât de passer dans le jardin, où elle iroit les rejoindre. Ils parurent successivement l’un après l’autre, et on leur signifia cette nouvelle loi qui n’étoit pas excessivement cruelle ; mais elle se montra telle à leur empressement, et ils en murmurèrent tout bas.

Ils furent donc parcourir le bois, un peu étonnés, dis-je, des dispositions récentes qu’on prenoit à leur égard, et cependant ne soupçonnant pas le motif qui les faisoit imposer. Ils se rencontrent, ils s’abordent alternativement, se font part de ce changement étrange que leur amour-propre, d’intelligence avec leur cœur, caractérise de caprice, et chacun se félicite en secret et tressaille de voir que ce n’est par aucune raison de prédilection pour l’un d’eux. Un certain dépit qu’ils avoient conçu et qu’ils tenoient concentré s’évapore après ce léger éclaircissement.

Un amant heureux est toujours injuste. Il semble qu’une femme, non contente de lui avoir sacrifié