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Page:L’Écho foutromane, 1880.djvu/71

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faut point qu’il soit environné des regrets, qui sont quelquefois le résultat d’une vie trop indépendante et trop ordinairement les suites de l’inconséquence de l’objet qui ne peut en être l’instrument qu’en le partageant. Vous croyez recevoir des mains d’un amant la coupe du plaisir, comme les dieux recevoient le nectar des mains de Ganymède, et ce n’est qu’une liqueur emmiellée à la vérité, mais dont le fond n’est que de l’absinthe. Son amertume ne tarde pas à se déceler et à abreuver votre cœur.

Il est des moyens de se livrer au plaisir que la nature nous commande, sans que la flétrissure de l’opinion publique puisse le poursuivre, sans qu’une indiscrétion meurtrière puisse nous assassiner, sous le fer de la médisance.

— Ainsi, répliqua tranquillement madame Convergeais, vous me conseilleriez de renoncer désormais aux meilleurs amis de mon cœur.

— Ah ! interrompit madame de Gersai, dites plutôt vos plus mortels ennemis.

— Eh bien ! je vous l’accorde ; mais s’ils m’ont fait bien des maux, je leur dois bien des plaisirs, et je suis entièrement résolue à n’en plus recevoir d’eux.