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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/127

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

Une sottise énorme comme celle-là,
De ne vouloir plus pour rien de la moniche ;

En ce moment, je fais cette déclaration :
Si j’y ai seulement mis le cas,
Dorénavant j’y veux mettre la tête.


TOUT LE MAL VIENT DE LA MONICHE

Canzone

Sans venir à chanter les armes et les amours,
Sans vous parler de guerre et de fracas,
Pour satisfaire mon génie et certaine humeur,
Je veux vous chanter les méfaits de la Moniche ;
Je ne veux pourtant que vous vous fâchiez,
Bien que ces miens vers soient un peu trop gras,
De ce que je vais vous prouver par de bonnes raisons
Que tous les maux viennent de la Moniche.

Tirons d’abord exemple de Salomon,
Qui pour la Moniche a donné dans les folies,
Et privé de jugement de raison,
A commis tant et tant d’idolâtries.
Roland, qui, les armes à la main, était bon
À faire trembler un Goliath de la tête aux pieds,
On l’a vu jaloux d’une Moniche,
Pour ce motif faire le fou par les rues.

Samson, pour un brin de ce petit service,
De l’infidèle Dalila se fit l’esclave,
Et tant s’obscurcit son jugement,
Qu’il ne trouvait de bonheur qu’en la Moniche ;
Pour une Moniche il est tombé dans le pétrin,