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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/128

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

Aveugle, sans cheveux, à son grand dépit,
Et il a occis les Philistins en secouant la colonne,
Pour la fatale Moniche de sa maîtresse.

Néron, qui peut se dire le roi des tyrans,
Du peuple Romain la perte et la ruine,
Après avoir commis tant de scélératesses,
A fait ouvrir le ventre de sa mère, un matin,
Saigner les veines à Sénèque, qui, tant d’années,
Avait été son maître, lui avait inculqué la science,
Puis à la fin il en fait autant à sa Déesse
Pour la simple Moniche de Poppée.

Hermolaüs, par jalousie pour son épouse,
Brûla Troie une belle nuit, à l’improviste ;
Mais, en son premier amour constant et tenace,
Ne pouvant être heureux avec cette belle femme,
Il la força de se donner la mort
Plutôt que de la laisser à un Narcisse,
Et il eut beau avoir tant étudié,
Son mauvais Destin le ruina tout.

Roger, plus d’une fois, eut affaire à Alcine,
Croyant que c’était Bradamante,
Et il savourait la Moniche chaque matin,
Pour se faire renommer amant parfait.
Priam pour une Moniche est tombé en ruine,
Après avoir eu tant de douleurs et de peines,
Et Jupiter, sans le moindre honneur ni decorum,
Cessa d’être Dieu pour se faire taureau.

Pâris, homme de bien en tout le reste,
Pour la Moniche de Vénus tomba en délire ;
Alphonse, pour Blanchefleur fut toujours prêt à dire
Qu’il vivait de larmes et de soupirs.