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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/129

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

Mars, qui ne doit rester hors de mon discours,
Et qui de sa lance a fait tant de beaux coups,
Mars, resté ferme à toute espèce d’assauts,
A fait cocu et content le Dieu Vulcain.

Hercule aussi fut jaloux de tant de braves
Qui pour la Moniche avaient perdu leur gloire,
Et le cœur toujours enclin à de doux plaisirs,
Gâta, en un petit coin, palmes et victoires.
Scipion, César, et tant d’autres grands hommes
Qui à leurs héritiers laissèrent si bonne mémoire,
Se sont laissé dominer par ce prurit
Qui fait gonfler le cas même aux Ermites.

Alcide dépose et courroux et colère,
Habitué qu’il est à combattre les monstres,
Et pour avoir comme cible une Moniche,
Abandonne les guerres et prend le fuseau.
Orphée, au sein de son harmonieuse lyre,
Frénétique d’amour, dolent et confus,
Pour apaiser avec la Moniche son intime chagrin,
S’en va tirer des Enfers Eurydice.

Monarques, Potentats, Empereurs,
Ont salué chapeau bas cette grande Moniche ;
Philosophes, savants, grands docteurs,
L’ont faite de leurs cœurs seule maîtresse ;
Rois, Ducs, Cardinaux, grands Seigneurs,
Se sont ôté révéremment la couronne,
Et ont mis leurs royaumes à sang et à feu,
Pour trouver dans la Moniche un peu de place.

Il faut donc proclamer que cette grande Moniche
Est la joie et le contentement des mortels ;
Nombre de gens en jubilent, tout autant s’en tuent,