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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/152

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

Verra que c’est bien vrai, ce que je dis,
Que je suis un bon prophète, et non un ennemi.
Je sais que c’est une mauvaise affaire,
Que de parler des grands et dire la vérité ;
Qu’ils fassent ce qu’ils voudront, je suis sincère,
Et ne pense d’eux un zéro.
Avec le Pape je n’ai rien à démêler,
Et je l’envoie se faire foutre.

SUR LE MÊME SUJET

Avec les yeux de l’esprit, je vois Rome
Au temps de ces grands Empereurs
Qui au Capitole, couronnés de lauriers,
Triomphaient, vêtus superbement ;

Comme ils se comportaient luxueusement,
Dans les festins, les fêtes, les amours,
Et comme avec les bêtes féroces, les gladiateurs,
Ils tenaient en liesse Rome entière.

Je la regarde à présent, et je vois
Tout changé en psaumes et en oraisons,
En chapelles, en oratoires, en écoles pies,

En menus suffrages, indulgences et processions ;
Puis tant de gens aller baiser les pieds
D’un Prêtre qui reste là comme un coïon.
Oh ! quel grand changement !
Cette cité qui si fort réjouissait le cœur,
Qui se donnait tant de si beaux spectacles,
Qui travaillait tant
À construire des Arcs de triomphe, des Colisées,