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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/166

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

Qui lui prêchent le jeûne,
L’innocence et la chasteté.

En écoutant toutes ces choses
Je n’en croyais que peu ou rien,
Sachant fort bien que les fillettes
Ont à cœur de paraître sages,

Mais que quasiment toutes
Ont pour le bonheur d’être aimées,
Et que, fussent-elles laides,
Elles ont beaucoup de vanité.

Ce raisonnement me semblait
Aussi juste que sensé,
Et je me mis en position
De réaliser mon projet.

Je me sentais en dedans de moi
Une bougresse d’envie
De lui pouvoir, un jour,
Mettre le cas dans la Moniche.

Comme j’allais sortir
Pour essayer ma fortune,
De loin je vois venir
Cette fillette qui courait.

Je m’arrête et avec ma modestie,
Je lui demande : « Comment allez-vous ? »
Tout comme si j’étais un chien,
Elle ne s’arrête même pas.

Il me vient tout de suite à l’idée
De voir où elle allait ;