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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/180

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


Elle lâcha cette expression de jalousie :
« Écoute, vilain fils de cent putains,
« Quand même j’aurais un cent de moniches,
« Une seule, oui, une seule, je ne te la donnerais. »

Écoutez la réponse qu’à l’instant même
Il lui fit de sa plus mauvaise mine :
— « Vous êtes devenue bien avare, à ce que je vois.

« Je ne puis que m’en prendre à ma déveine ;
« Vous n’avez qu’une moniche, et la prêtez à cent,
« Et d’un cent vous ne m’en donneriez pas une ? »


L’AUTEUR FAIT L’ÉLOGE DE CERTAINE BEAUTÉ

Je voudrais faire l’éloge d’une beauté,
De celle qu’on peut appeler du plus beau blond,
Mais je ne sais par quel bout commencer,
Par le nez, par le corsage, ou par les fesses.

Dire qu’elle semble une autre Hélène,
Que Vénus auprès d’elle n’a que le second rang,
Ce sont des idées antiques, comme de chier :
J’aimerais mieux me taire ou me cacher.

Je voudrais dire quelque chose de beau,
Pour en faire l’éloge qu’elle mérite,
Et que mon idée enfin fût nouvelle.

Je dirais donc qu’elle a tant de charmes,
Qu’à la regarder elle fait dresser l’oiseau :
Par cela seul jugez de sa beauté ;
Si elle fait tant