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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/205

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


Comment a-t-il fait pour pénétrer chez moi ?
Il m’a encore joué quelque tour de traître ;
Me voici maintenant frais comme une fleur,
Mieux pour moi vaudrait avoir un écoulement.

De cela du moins je pourrais guérir,
Mais l’amour, pour autant que j’y pense,
Je n’y trouve d’autre remède que de mourir.

Il y aurait bien le remède d’enfiler,
Et d’enfiler celle qui me fait languir,
Mais cette foutaise même ne se peut pas.


PLAINTE DE L’AUTEUR À CUPIDON

Je croyais, Amour, que nous avions fini
Toi tes flèches, et moi de souffrir ;
Qu’est-ce que cela veut dire, sacredieu !
Que nous nous mettons à tout recommencer ?

Si je pense à certain temps et me tourne en arrière,
Je n’ai aucunement sujet de me plaindre ;
Quelquefois cruel, quelquefois favorable,
Tu m’as fait jouir et me pâmer.

Mais à présent fichtre ! cela va bien mal,
Tu me fais amouracher sans espérance,
Je me débaptise et rien ne me vaut.

Use, je t’en prie, d’un peu de politesse ;
Ou trouve à mon mal le naturel remède,
Ou ne me chatouille pas sous le ventre.