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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/206

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


SENTENCE DE CUPIDON

Un jour que sur son trône Amour était assis
Pour donner audience à tous les amoureux,
Moi aussi avec tant d’autres désespérés,
Je suis allé faire mes lamentations.

Je vous dirai qu’aussitôt que je me vis là,
Et que les entendis faire tout leur tapage,
Je me dis : « Je ne crois pas que les damnés
» Fassent autant de bruit qu’on en entend là ».

Tous disaient du mal de leurs maîtresses,
L’un que c’était une chienne, l’autre une folle,
Moi j’ai dit que la mienne était une bougresse.

Enfin Amour, en face de chacun de nous,
A prononcé la sentence en ces termes :
« De la patience, de l’or, et vous irez tous en moniche »


SUR LA MODE QU’ON A DE MONTER À CHEVAL

Aujourd’hui, la mode nous en est venue de France,
Et comme des cavaliers ou d’autres personnes
Les femmes montent à cheval hardiment,
Au trot, au galop, en avant, en arrière.

Mais ce qui me stupéfait davantage,
C’est qu’elles ont beau chevaucher longtemps,
Elles n’éprouvent pas de douleur et ne sentent pas
Que leur nature en soit endommagée.