Aller au contenu

Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/250

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
238
L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

De celles qui sachent faire un peu de tout,
Qui chante, danse, sautille ci et là,
Et se laisse retrousser les cotillons ;

Esquiver tant qu’on peut les sottes gens,
De bons amis vivre en la société,
Et entendre les récits de qui va dans la coche ;

Puis quand on a mené cette heureuse vie,
Et que sonnent ses bons quatre-vingt-dix ans,
Dans son fauteuil, mourir d’apoplexie.


L’HOMME NAÎT DU HASARD

Ô Dieu ! qu’est-ce que ce corps humain ?
Un composé de chair, de nerfs et d’os ;
Tel l’a long, ou court, ou dur, ou mou,
Tel est toujours malade, tel toujours bien portant ;

Tel qui naît aujourd’hui sera mort demain ;
Tel est fortuné, tel en proie au Destin,
Tel est un petit lapin, tel un colosse,
Tel est doux de cœur et tel inhumain ;

Tel superbe, tel humble, tel jaloux,
Tel sobre, tel prodigue, tel avare,
Tel continent et tel luxurieux ;

Tel est pour la mémoire un phénomène,
Et tel ne retient rien ; tel est un savant,
Et tel aussi ignorant qu’une bête de somme.
De tout cela je conclus,
Et toujours davantage reste persuadé,
Que l’homme est un effet de pur hasard.