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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/279

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

Et qu’elles l’eurent toutes adoré,
Une d’elles enfin le prit en main,
Et l’une en faux-bourdon, l’autre en soprano,
Toutes se mirent à dire en chœur
Ce beau et sonore cantique :

« Toutes tant que nous sommes
« Nous vous adorons,
« Cas robuste, cas immortel,
« Solennissime instrument.
« Nous sommes sûres, pour le nombre
« Que vous avez fait d’œuvres pies,
« Que vers le Ciel de Vénus
« Vous vous êtes envolé comme oiseau,
« Cas amoureux
« Et généreux,
« Cas robuste, cas immortel,
« Solennissime Instrument.
« Si vous avez fait de bonnes œuvres,
« Le savent bien nos moniches,
« Car pour nous faire la charité
« Vous vous êtes tout consumé. »

Puis elles le firent bellement
Enlever de dessus l’autel,
Et en belle ordonnance
S’en retournait la procession,
Quand au milieu des assistants
Sont survenues les Patriciennes,
Qui avec des airs de souveraines
Se mirent à dire aux putains :
« Ce magnifique cas du Poète,
« C’est le cas d’un bel esprit
« Qui a spécialement produit
« Pour l’opulente noblesse