Aller au contenu

Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/280

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
268
L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

« Un idéal de liberté,
« Et vous autres n’êtes pas dignes
« De porter ses insignes. »
S’avança une gourgandine,
Des meilleures de la Piazza,
Et elle dit, hors de ses dents,
À ces orgueilleuses Dames :
« À cause de vous autres Patriciennes,
« Sont dans la panne nos moniches ;
« Oui, vraiment, à cause des Dames
« Nous mourons toutes de faim,
« Et pour nous faire toujours tort
« Vous voulez encore ce cas mort ?
Lui répond là-dessus
Une dame de haut parage :
« Pour vous autres, femmes ignobles,
« Ne sont pas faits les nobles cas :
« Prenez ceux des artisans
« Et des Pères Franciscains,
« Prenez ceux des balayeurs,
« Et non pas ceux de notre rang. »
En lui rivant son clou, une gredine
Répondit à cette matrone :
« Chez nous autres, grosse bougresse,
« Il vient toutes sortes de personnes ;
« Il vient des prêtres, il vient des moines,
« Il vient des hommes portant la toge,
« Des portefaix, des estafiers,
« Mais il vient aussi des cavaliers,
« Et ce cas véritablement,
« Est notre proche parent. »

Alors s’éleva une querelle
Et se livra une grande bataille ;
Ces Dames à l’une et à l’autre,