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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/47

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

Il embroche la Tonina,
Aussi rapide que le vent.

Ce que ensemble nous avons fait,
Je ne puis vous le raconter ;
Il suffit de vous dire que ce fol
À été près de se noyer.

Si je ne lui prêtais assistance,
Il était si fort enragé,
Qu’il se serait noyé plutôt
Que de revenir en arrière.

Avez-vous jamais vu un chien à taureau
Qui dans ses crocs a pris l’oreille ?
Appelez Argante, appelez Moro,
Il ne s’ôte plus de là,

Cela fait juste votre compte,
Car mon vit agissait de même :
Il s’était si bien blotti,
Que je ne pouvais plus le trouver.

Voyant le péril qu’il courait,
Comme il restait là, obstiné,
Je l’ai empoigné par un testicule,
Et de force l’ai retiré.

Tonina, la préférée,
Resta sur le sopha,
Tout comme une violette
Détachée de sa tige.

Le visage languissant,
Soupirant, la bouche entr’ouverte,