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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/56

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


Pour qu’ils conservent l’espérance,
Quand cela se peut, devant les hommes,
Faites l’éloge de la constance,
Mais du fond du cœur, qu’on l’abomine.

Ce qu’enseigne la Nature,
Et ce qu’enseigne aussi l’art
Il faut le faire : avec mesure
Donner à chacun sa part.

Tous hommes sont à cultiver,
Parce que tous ont du bon,
Quitte à rejeter ensuite
Celui qui veut trancher du maître.

Que chacun ait sa demi-heure
Et, quand ils sont là tous ensemble,
Donnez à l’un une poignée de main,
Et touchez l’autre sur le pied.

Qu’en faveur chacun se croie
Être seul privilégié,
Et peu importe s’il se voit
Chassé du lit par un rival.

L’amour vient à s’attiédir,
Quand il n’y a pas de rivalité ;
Ce sont les rivaux qui le nourrissent,
Et ils n’en sont que plus fermes.

Si jamais quelqu’un en trouve une
En faute, c’est le moment de mentir,
Et s’il crie, c’est une preuve
Que l’amour se fait sentir.