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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/58

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


SUR LES BÉGUEULES

Dans quelle rage me mettent ces hypocrites
De femmes, qui font tant les dédaigneuses !
Elles sont plus luxurieuses que les hommes,
Et ne veulent point paraître des bougresses.

Je ne comprends point ; elles ont bon estomac,
De nature elles sont curieuses ;
Néanmoins, elles font les bégueules,
Et veulent mener une vie de coïonnes.

Mais quel diable d’enfantillage est celui-là ?
Quand nous voyons une femme, nous devenons des coqs,
Et subitement se redresse notre crête ;

Or, si nous montrons notre cas à une femme,
Avec impétuosité elle détourne la tête,
Comme si nous faisions une grande sottise !


L’AMOUR EST TOUT SIMPLEMENT DE LA LUXURE

Qu’est-ce que l’amour ? J’ai beau y réfléchir,
Je ne puis comprendre de quoi il est fait ;
De la beauté il n’est pas né, pour sûr,
Si je vois qu’un vilain museau vous enamoure ;

De l’âge non plus ; je vois qu’il arrive
À un gamin tout comme à un vieux fou ;
On ne peut dire qu’il vienne d’un esprit agréable,
Puisqu’une sotte aussi fait dresser la quenouille.

Tel l’appelle inclination, et tel sympathie ;