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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/60

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


ON NE SAIT OU ALLER

On ne sait plus aujourd’hui où fréquenter ;
Si l’on va au café on y trouve
Ou des viédazes qui ne comprennent rien,
Ou des coïons qui toujours veulent parler.

Si l’on prend la rue de la Regina, pour baguenauder,
Aussitôt sort quelque Prussien si insolent,
Que qui ne serait sage et prudent
Par Dieu gagnerait un catarrhe à crier.

Si j’entreprends de dire du bien des Jésuites,
Aussitôt il m’est dit par contradiction
Qu’ils sont avares, fourbes et sodomistes.

Si sur les dames tombe la conversation,
Et qu’en soient aises les gens d’esprit,
Il se trouve quelqu’un qui vous fait la grimace.
Bougresse d’existence !
En somme, je n’ai plus de bon temps
Que quand je suis fourré dans la Moniche.


L’AUTEUR LOUE UNE COMÉDIENNE

Quand je vois cette Esclave parler d’amour
Avec cette grande superbe Orientale,
Je suis de moitié moi-même dans sa fureur,
Et il me semble que je commettrais un crime.

À la voir de la sorte, si tendre de cœur,
En proie à une passion si brutale,
À tel point m’intéresse sa fureur