Aller au contenu

Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/92

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
80
L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

Car la rose est débarrassée des épines ;
Que si, en outre, la fille est votre maîtresse,
C’est bien autre chose que le Paradis de Mahomet !

Quand on commence à se mettre auprès d’elle,
Une telle douceur vous pleut dans le cœur
Que de ce monde on ne sait plus rien.

Il semble qu’on s’envole, et tant de choses neuves
Égayent et rendent l’âme joyeuse,
Que l’on ne changerait pas pour le ciel Jupiter.

On trouve un plaisir immense
À faire la contrebande,
À mettre secrètement
Sans grande façon
Son pauvre cas
En moniche au joli minois
De cette maîtresse,
Qui n’est pas bégueule,
Qui a cheveux blonds
(Il n’en est pas de plus beaux),
Gracieuse frimousse
Faite de lait et de vin,
Petite bouche bien faite,
Toujours en train de rire,
Deux petits tétins
Durs et élastiques,
Et ce petit corps gentil,
Fait au pinceau :
En somme avec cette fillette,
Si elle se laisse faire,
Il n’est certes pas au monde
De plaisir plus joyeux.
Mais si vous lui mettez