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Page:L’Algèbre d’Omar Alkhayyami.djvu/35

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fortune ont imposé l’obligation commune de s’adonner, tant qu’elles durent, au perfectionnement et à l’exploration d’une 3seule science. Mais la plupart de ceux qui par le temps actuel ont l’air de savants, déguisent la vérité par le mensonge, ne dépassent pas les limites de l’imposture et de l’ostentation savante, et ne font servir la quantité de savoir qu’ils possèdent qu’à des buts matériels et vils. Et s’ils rencontrent un homme distingué (*[1]) par la recherche de la vérité et l’amour de la véracité, s’efforçant de rejeter la vanité et le mensonge, et d’abandonner l’ostentation et la tromperie, ils en font l’objet de leurs mépris et de leurs railleries. C’est Dieu que nous implorons en tout état, c’est lui qui est notre refuge.

Dieu m’a gratifié de l’intimité de son excellence notre glorieux et incomparable seigneur, le grand juge, l’imâm, le seigneur Aboû Tâhir, que Dieu prolonge son élévation et confonde ceux qui nourrissent contre lui de l’envie ou de l’inimitié ! lorsque j’avais désespéré déjà de jamais rencontrer un homme possédant aussi complétement toutes les perfections pratiques et théoriques, toutes, depuis la pénétration profonde dans les sciences jusqu’à la fermeté inébranlable dans ses actions et dans ses efforts de faire du bien à chacun de ses frères mortels. Sa présence dilate ma poitrine, sa société rehausse ma gloire ; ma cause grandit en empruntant de la lumière à sa splendeur, et ma force est augmentée par sa munificence et par ses bienfaits. Je me sentis donc obligé de renouer le fil de ces recherches que m’avaient fait perdre les vicissitudes de la fortune, et de choisir parmi ce que j’ai approfondi en fait de la moelle des théories philosophiques avec quoi je puisse approcher de son siége sublime. C’est ainsi que j’ai commencé à énumérer ces

  1. *) La ponctuation donnée dans le texte est celle du Ms. B. Dans les deux autres manuscrits le mot n’est pas ponctué du tout. Peut-être vaudrait-il mieux lire moannayan « qui se fatigue à rechercher, etc. ; » ce qui s’accorderait surtout nec le moudjtahidan suivant.