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Page:La Foire Saint Laurent.pdf/11

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RAMOLLINI.

Heureusement que sous lé rapport dé la douceur et de l’obéissance, zé n’ai qu’à me louer de ma femme !… Ainsi, quand zé veux me livrer à quelqué petite débauche, il me suffit de lui dire comme auzourd’hui… « Malaga, il me semble qu’il y a longtemps qué tou n’as pas été à Chartres, voir la tante. » — « C’est vrai quelle mé répond. » Et aussitôt zé donne l’ordre de faire attéler lé carrossé dé voyaze…, ze la mets dédans !… dédans est le mot !… et fouetté cocer ! me voilà libre !…

MALAGA, apparaissant d’un côté du théâtre.

Ciel ! mon mari !

Elle disparait.
RAMOLLINI.

Z’ai encore oune autre raison qui m’amène ici.

TOUS.

Et laquelle ?

RAMOLLINI.

Zé souis le bailleur dé fonds dé Curtius.

TOUS, riant.

Ah ! ah ! ah !

RAMOLLINI.

Oui… c’est oune idée de ma femme, c’est le seul théâtre dont elle me permette les coulisses. Mais ce Curtius, il a que des femmes de cire, ça ne m’amouse pas, et un bailleur il ne baille que quand il s’amouse, c’est le contraire du poublic ! Heureusement qu’il m’a promis de razounir son spectacle, avec des attrices vivantes. Alors, zé reverserai… du moment qu’il y aura des attrices pour de bon, zé verse !…

CURTIUS, dans son théâtre.

N’époussetez pas ! ne touchez pas !

PONT-CASSÉ.

Tenez ! cette voix…

SAINT-GOTHARD.

N’est-ce pas votre Curtius qui sort de son théâtre ?