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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/21

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poëtes et rivaux ne tint pas long-temps, et que de nouvelles attaques mutuelles les brouillèrent comme auparavant ; mais Laharpe y mit fin par un trait de générosité, ou si l’on veut de justice, en renvoyant, dit-on, à son adversaire un paquet de lettres scandaleuses qu’un inconnu avait mises en son pouvoir, et dont la publication pouvait ruiner la réputation de Dorat. En prenant part à la querelle des Gluckistes et des Piccinistes, qui fut poussée, comme on sait, à un point extrême, Laharpe, qui s’était prononcé pour les derniers, se fit de nouveaux ennemis parmi les Gluckistes.

Cependant, au milieu de toutes ses distractions, il se livra sans relâche à de nombreux travaux littéraires. Solicité par de puissans amis, il s’était chargé de la rédaction de la partie littéraire du Journal de politique et de littérature où son ennemi Linguet l’avait précédé. Il donna au théâtre les tragédies de Menzikoff, des Barmécides et de Jeanne de Naples. Il traduisit en beaux vers le Philoctète de Sophocle, et sa poésie réussit à faire goûter aux Français sans le secours des chœurs le plan si simple du poëte grec ; ce fut un des plus beaux triomphes de Laharpe. Coriolan fut donné la première fois à la fin de l’hiver rigoureux de 1784, pour la représentation destinée par les comédiens français au bénéfice des pauvres. Le public sut gré à Laharpe de son désintéressement, et assista en foule à cette représentation brillante. Cependant les juges sévères trouvèrent trop de déclamation et trop peu d’action dramatique dans la nouvelle tragédie de Laharpe ; ses rivaux ne manquèrent pas l’occasion de le poursuivre de nouvelles épigrammes. Tout le monde connaît celle de Champfort :