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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/22

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Pour les pauvres, la comédie
Donne une pauvre tragédie ;
Nous devons tous en vérité,
Bien l’applaudir par charité.

Rhulières s’égaya dans son épigramme sur cette famille de héros tragiques tous mort-nés. Pour se venger, Laharpe fit charitablement, dans un quatrain, le portrait des deux poëtes.

Les tragédies précédentes n’avaient pas eu un grand succès ; Jeanne de Naples fut redonnée avec un nouveau dénoûment que le public goûta mieux que le premier ; néanmoins le défaut d’intérêt fit tort à cette pièce comme aux deux autres. Les Brames, tragédie philosophique, dans laquelle Laharpe avait imité Voltaire, sans être capable de créer d’aussi grands ressorts dramatiques que ceux des tragédies de Mahomet et de Gengiskan, furent écoutés jusqu’à la fin ; mais le public ne revint plus, et, pour ne pas prêcher dans le désert, les prêtres indiens furent retirés par l’auteur. On appela les cinq actes de cette tragédie les cinq sermons de l’abbé de Laharpe ; on raconta aussi que plusieurs années auparavant l’auteur, ayant fait une lecture de sa pièce dans une société réunie chez mademoiselle de l’Espinasse, fut convaincu par les observations des auditeurs de l’impossibilité de faire réussir une pièce d’un intérêt aussi faible, et la jeta au feu ; aussi ceux qui avaient été témoins de ce sacrifice ne furent pas médiocrement surpris de la voir renaître sans savoir comment. Enfin, pour dernière tribulation, il eut à essuyer une parodie, où, lors du dénoûment, on jetait dans un gouffre tout ce qu’il y avait sur le