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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/143

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fié le choix des électeurs, l’empereur rentrait triomphant dans la capitale : tous les nobles, les ministres et les sacrificateurs l’accompagnaient au temple du dieu de la guerre. On y sacrifiait sous ses yeux une partie des prisonniers. Il était revêtu du manteau impérial : on lui mettait dans la main droite une épée d’or garnie d’une pierre à fusil, qui étaient le symbole de la justice ; et dans la main gauche un arc et des flèches, qui désignaient le commandement suprême. Alors le cacique de Tezcuco lui couvrait la tête d’une riche couronne : un des principaux seigneurs, que son éloquence faisait choisir pour cette fonction, lui adressait un long discours, par lequel non-seulement il le félicitait de sa dignité au nom de ses peuples, mais il lui représentait les devoirs qui s’y trouvaient attachés. Ensuite le chef des sacrificateurs s’approchait pour recevoir un serment dont on ne connaît pas d’autre exemple dans tous les gouvernemens humains. Outre la promesse de maintenir la religion de ses ancêtres, d’observer les lois de l’empire, et de rendre la justice à ses sujets, on lui faisait jurer que pendant tout le cours de son règne les pluies tomberaient à propos, les rivières ne causeraient point de ravages par leurs débordemens, les campagnes ne seraient point affligées par la stérilité, ni les hommes par les malignes influences de l’air et du soleil. Un historien prétend que l’intention des Mexiains, dans un serment si bizarre, n’était que de faire com-