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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/215

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L’on a employé long-temps la cochenille, sans savoir ce qu’elle était. On la regardait comme le fruit d’une espèce de cactus, que par cette raison l’on appelait cochenillier ; on en distinguait une espèce nommée la sylvestre. « Sa fleur, disent les anciens voyageurs, est jaune, et son fruit rouge. Le fruit s’ouvre dans sa maturité ; et comme il est plein de cette graine qui n’est pas moins rouge que lui, la moindre agitation suffit pour la faire tomber : les Indiens mettent une toile ou des plats sous l’arbre et le secouent. Huit ou dix de ces fruits ne produisent pas plus d’une once de graine. La teinture du sylvestre est presque égale en beauté à celle de la cochenille, et lui ressemble assez pour être une source d’erreurs ; cependant elle est beaucoup moins estimée. Les Espagnols ont affecté si long-temps de cacher la naissance du sylvestre et de la cochenille, que, jusqu’au temps de Dampier, personne n’en avait été bien instruit. Il reçut des notions exactes sur le sylvestre, d’un gentilhomme espagnol, dont il eut occasion de connaître la bonne foi, et qui avait passé plusieurs années dans les lieux où croît l’arbre qui le produit.

Dampier apprit de cet Espagnol ce qu’on ignorait avant lui, c’est-à-dire que la cochenille est un insecte qui s’engendre sur un arbrisseau armé d’épines et d’environ cinq pieds de haut. Ses fleurs sont petites et d’un rouge de sang. On le nomme nopal ; c’est au suc de