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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/218

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C’est de ces différentes méthodes de faire mourir les cochenilles, que dépend la diversité des couleurs de celles que l’on apporte en Europe. Les cochenilles vivantes étant couvertes d’une poudre blanche, celles qu’on fait périr dans l’eau y perdent une partie de cette poudre et paraissent d’un brun rouge ; c’est la renagrida : celles que l’on étouffe dans les fours conservent cette poudre ; c’est la jarpeoda : celles que l’on fait mourir sur des plaques deviennent noirâtres et comme épilées ; c’est la negra.

Les mères mortes qui ont été tirées des nids posés sur les nopals perdent plus de leur poids, en séchant, que celles qui ont été prises vivantes et pleines de petits. En faisant sécher quatre livres des premières, on les réduit à une livre, et trois livres des autres ne perdent que les deux tiers à la dessiccation. Quand les cochenilles sont desséchées, on peut les garder dans des coffres de bois pendant des siècles sans qu’elles se gâtent, et sans qu’elles perdent rien de leur propriété tinctoriale.

La cochenille sylvestre est moins grosse que la cochenille fine. Tout son corps, excepté le dessous du corcelet, est couvert d’une matière cotonneuse, blanche, fine et visqueuse, et il est bordé de poils tout autour. Huit jours après qu’elle s’est fixée, les poils et la matière cotonneuse s’allongent et se collent sur la plante, de sorte que l’on croit y voir autant de petits flocons blancs qu’il y a d’insectes.