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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/319

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moi, mes femmes, mes enfans, mes frères, ne sommes-nous pas des otages suffisant ? » Soto et Pierre de Varco s’offrirent enfin pour cette course, et l’inca voulut qu’ils fissent le voyage dans une de ses litières, afin qu’ils fussent plus respectés.

À quelques journées de Caxamalca, ils rencontrèrent un corps de ses troupes qui conduisaient prisonnier son frère Huascar. Ce malheureux prince apprenant qui étaient ceux qu’il voyait dans des litières, souhaita de leur parler ; et les deux Espagnols l’ayant assuré que l’intention de l’empereur, leur maître, et celle du général Pizarre, était de faire observer la justice à l’égard des Américains, il se mit à les instruire de ses droits, avec des plaintes fort vives de l’injustice de son frère, et les pria de retourner vers le général, pour le faire entrer dans ses intérêts. Il ajouta que si Pizarre voulait se déclarer en sa faveur, il s’engageait à remplir d’or la salle de Caxamalca, non-seulement jusqu’à la ligne qu’on avait marquée, qui était à la hauteur d’un homme, mais jusqu’à la voûte, ce qui était le triple de plus. « Atahualpa, dit-il, sera obligé, pour exécuter son engagement, de dépouiller le temple de Cusco, en faisant enlever des plaques d’or et d’argent dont il est revêtu ; et moi, j’ai dans ma puissance tous les trésors et toutes les pierreries de mon père. » En effet, les ayant reçus par héritage, il les avait cachés sous terre, dans un lieu qui n’était