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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/337

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pénétrer à Cusco. On suppose qu’il croyait cette ville hors des bornes que la cour avait assignées au gouvernement de François Pizarre, et qu’il ne voulait donner aucune atteinte aux prétentions d’autrui. Cependant, étant informé qu’on équipait à Nicaragua deux grands vaisseaux avec un secours d’hommes et d’argent pour les Pizarre, il eut l’adresse de s’en approcher et de s’en saisir pendant la nuit, avec cinq cents hommes, qui s’embarquèrent sous ses ordres. Il alla prendre terre dans la province de Puerto-Viéjo, d’où, marchant vers l’orient, presque sous l’équateur, il eut beaucoup à souffrir dans des montagnes que les Espagnols ont nommées Arcabucos. La faim et la soif y auraient fait périr tous ses gens, s’ils n’eussent trouvé certaines cannes de la grosseur de la jambe, creuses et remplies d’une eau fort douce, qu’on y croit formée de la rosée qui s’y amasse pendant la nuit. Contre la faim, ils n’eurent point d’autres ressources que de manger leurs chevaux. Des cendres chaudes, qui tombaient sur eux comme en pluie, leur causèrent une autre espèce d’incommodité pendant la plus grande partie du chemin : ils apprirent dans la suite qu’elles venaient d’un volcan voisin de Quito, dont l’action est si violente, qu’il pousse quelquefois cette abondance de cendres à plus de quatre-vingts lieues, avec un bruit qui se fait entendre encore plus loin. Souvent ils étaient obligés de s’ouvrir le pas-