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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/338

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sage en coupant les broussailles avec la hache et le sabre : leur consolation, dans une marche si pénible, était de trouver un grand nombre d’émeraudes ; mais ensuite il fallut passer une chaîne d’autres montagnes, où la neige, qui ne cessait pas d’y tomber, rendait le froid si perçant, qu’il y périt soixante hommes. Un Espagnol, qui avait sa femme et deux petites filles, les voyant tomber de lassitude, et se trouvant hors d’état de les porter ou de leur donner d’autres secours, aima mieux périr avec elles que de se sauver, comme il le pouvait, en prenant la résolution de les abandonner : ils gelèrent ensemble. Enfin l’on arriva dans la province de Quito, où les montagnes, quoique fort hautes et couvertes de neige, sont du moins entrecoupées par des vallées fertiles ; mais, dans le même temps, une grande fonte de neige en fit tomber des torrens d’eau, qui entraînèrent une grosse bourgade nommée Contiéga, et qui se répandirent dans tout le pays avec une affreuse inondation. Alvarado ne dut qu’à son courage le bonheur qu’il eut de surmonter tant d’obstacles.

Almagro n’ayant pu douter que les Espagnols dont on lui apprenait l’arrivée ne fussent Alvarado et ceux qu’il avait inutilement cherchés à Saint-Michel, prit le parti de recourir à un accommodement. La négociation fut terminée en vingt-quatre heures par deux traités, dont l’un fut publié sur-le-champ, et