Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 14.djvu/353

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Almagro, qu’il croyait massacré au Chili, et sa propre défense contre un prodigieux nombre de Péruviens qui l’enveloppaient, il s’était hâté de faire partir tout ce qu’il avait de vaisseaux, autant pour animer le courage de ses gens en leur ôtant l’espérance de se sauver par la mer, que pour faire demander du secours au commandant de Panama, au vice-roi de la Nouvelle-Espagne, et à tous les gouverneurs du Nouveau Monde. Il avait tiré les garnisons de Truxillo et de quelques autres lieux voisins. Il avait fait rappeler Alfonse d’Alvarado, avec les troupes qu’il lui avait confiées pour la découverte du pays des Chachapoyas. Le danger de ses frères causant sa plus vive inquiétude, il n’avait pas manqué de leur envoyer plusieurs fois du renfort ; mais il avait toujours ignoré le sort des divers détachemens qu’il avait fait marcher à leur secours. Quelle aurait été sa consternation s’il en eût été mieux informé ! Diègue Pizarre, son cousin, parti avec soixante-dix cavaliers, avait été tué avec eux dans un passage, à cinquante lieues de Cusco. Gonzale de Tapia, un de ses beaux frères, avait péri de même avec quatre-vingts cavaliers. Le capitaine Morgoveyo avec sa troupe, et le capitaine Gavette avec la sienne, étaient tombés aussi dans les mains des Péruviens, qui ne leur avaient fait aucun quartier. Plus de trois cents hommes envoyés successivement avaient ainsi trouvé la mort, les uns