Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/136

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rassent d’un coup d’aile, et qu’ils estropient quelquefois ceux qui les attaquent.

Le zumbador est un oiseau nocturne qui ne se trouve que dans les paramos, et qu’on voit rarement, mais qui se fait souvent entendre, soit par son chant ou par un bourdonnement extraordinaire, d’où lui vient son nom. Ce bruit, qui se fait entendre à la distance de plus de cinquante toises, est attribué à la violence de son vol. Il est plus fort à mesure qu’on s’en approche. De temps en temps le zumbador pousse un sifflement assez semblable à celui des autres oiseaux nocturnes. C’est dans les termes d’Ulloa qu’il faut en donner la description. « Dans les nuits claires, dit-il, qui sont les temps auxquels il se fait le plus entendre, nous nous mettions aux aguets pour observer sa grosseur et la violence de son vol ; quoiqu’il en passât près de nous, il nous fut toujours impossible de distinguer leur figure ; nous n’apercevions que la route qu’ils tenaient et qu’ils traçaient dans l’air, comme une ligne blanche, par la seule impression de leurs ailes. Elle se distinguait facilement à la distance où j’étais. La curiosité de voir de plus près un oiseau si singulier nous fit ordonner à quelques Américains de nous en procurer un. Leur zèle surpassa notre attente. Ils en découvrirent une nichée entière qu’ils se hâtèrent de nous apporter. À peine les petits avaient des plumes ; cependant ils étaient de la grosseur des perdrix. Leurs plumes étaient mouchetées de deux couleurs grises, l’une fon-