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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/167

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soutient les mineurs dans l’espérance de trouver ce qu’ils appellent la bourse, c’est-à-dire certains bouts de veines si riches qu’ils enrichissent quelquefois tout d’un coup celui qui fait cette découverte. Cette inégalité peut aussi les ruiner. De là vient qu’on voit plus rarement un mineur d’or s’enrichir qu’un mineur d’argent ou d’autre métal, quoiqu’il y ait moins de frais à tirer l’or du minerai. C’est par la même raison que les mineurs sont privilégiés (car ils ne peuvent être exécutés pour le civil), et que l’or ne paie au roi, depuis 1777, que trois pour cent.

À l’égard des mines d’argent, après avoir concassé la pierre qu’on a tirée de la veine métallique, on la moud dans les trapiches ou avec des ingenios reales, qui sont composés de pilons,comme nos moulins à plâtre. Ils consistent ordinairement dans une roue de vingt-cinq à trente pieds de diamètre, dont l’essieu prolongé est garni de triangles émoussés qui accrochent les bras des pilons de fer en tournant, et les enlèvent à une certaine hauteur, d’où ils échappent tout d’un coup à chaque révolution ; et comme ils ne pèsent pas moins de deux cents livres, ils tombent si rudement, que par leur seule pesanteur ils écrasent et réduisent en poudre la pierre la plus dure. On tamise ensuite cette poudre par des cribles de fer ou de cuivre, pour tirer la plus fine et remettre la grosse au moulin. Si le minerai se trouve mêlé de certains métaux qui l’empêchent de se pulvériser, tels