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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/169

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mercure, qui est plus lente dans les grands froids que dans les temps modérés. À Lipes et au Potosi, on est quelquefois réduit à pétrir le minerai pendant deux mois entiers, au lieu que dans les pays plus tempérés il s’amalgame en huit ou dix jours. Pour faciliter encore plus l’opération du mercure, on fait en quelques endroits, comme à Puno et dans d’autres lieux, des buiterons voûtés, sous lesquels on fait du feu qui échauffe la poudre de minerai pendant vingt-quatre heures, sur un payé de brique.

Lorsqu’on juge que le mercure a ramassé tout l’argent, l’ensayador, ou l’essayeur, prend de chaque demi-caxon un peu de terre à part, qu’il lave dans un bassin de bois, et la couleur du mercure qui reste au fond du bassin fait connaître s’il a produit son effet. Est-il noirâtre, le minerai est trop échauffé ; on y remet du sel ou quelque autre drogue, et l’on prétend qu’alors le vif-argent disparaît. S’il est blanc, on en prend une nouvelle goutte sous le pouce, et ce qui s’y trouve d’argent reste attaché au doigt, tandis que le mercure s’échappe en petites gouttes. Enfin, lorsqu’on reconnaît que tout l’argent est ramassé, on transporte la terre dans un bassin, où l’on fait tomber un ruisseau pour la laver, à peu près comme on lave l’or, excepté que, cette masse étant sans pierre, au lieu d’un crochet pour la remuer, il suffit qu’un homme la remues avec les pieds pour la convertir en boue liquide. Du premier bassin elle tombe dans un second, où elle est