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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/171

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et le chapiteau ; et, venant à rencontrer l’eau qui est au-dessous, elle se condense et tombe au fond, transformée de nouveau en mercure. Ainsi l’on en perd peu, et le même sert plusieurs fois ; mais il faut en augmenter la dose, parce qu’il s’affaiblit. Cependant on consommait autrefois au Potosi six à sept mille quintaux de mercure par an ; ce qui doit faire juger de la quantité d’argent qu’on en tirait.

Comme la plus grande partie du Pérou n’a ni bois ni charbon, et qu’on y supplée par une herbe nommée icho, c’est avec cette herbe qu’on chauffe les pignes par le moyen d’un four près duquel on met la machine à dessécher et purger l’argent, et la chaleur s’y communique par un canal où elle s’engouffre. Quand le mercure est évaporé, il ne reste plus qu’une masse de grains d’argent contigus fort légère, et presque friable, qu’on nomme la pigne, pina, marchandise de contrebande hors des minières, parce que les lois obligent de la porter aux caisses royales ou à la monnaie pour en payer le quint du roi. Là, elle est fondue pour être convertie en lingots, sur lesquels on imprime les armes de la couronne, celles du lieu où il se fond, leur poids, leur qualité, et l’aloi de l’argent. On est toujours sûr que les lingots quintés sont sans fraude ; mais il n’en est pas de même des pignes. Ceux qui les font mettent souvent au milieu du fer, du sable et d’autres matières, pour en augmenter le poids ; aussi ne manque-t-on point de les faire ouvrir et rougir