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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/213

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leurs femmes remariées. Enfin leur propre pays aurait été bientôt sans habitans, si ceux qui ne revenaient point n’eussent été remplacés par les captifs qu’on ramenait de ces longues courses, ou par des Américains avec qui la ville était en société.

» Les Espagnols du Paraguay n’ont pas moins souffert de ces ennemis publics que les nations américaines qui se trouvaient exposées à leurs incursions. Mais l’historien du Paraguay leur reproche de ne pouvoir s’en prendre qu’à eux-mêmes : ils n’avaient, dit-il, qu’à soutenir les réductions, c’est-à-dire, les bourgades chrétiennes du Paraguay contre les Mamelus, qui n’auraient jamais pu forcer cette barrière. L’intérêt les aveugla. Ils ne voyaient dans ces nouvelles églises qu’une digue opposée à leur cupidité, et jamais ils n’ont connu l’avantage qu’ils en pouvaient tirer justement qu’après la ruine de cette frontière. Cependant, comme les Mamelus ne laissèrent pas de trouver plus de résistance qu’ils ne s’y étaient attendus de la part des nouveaux chrétiens, et qu’ils ne voulaient pas s’affaiblir à force de vaincre, ils eurent recours à la ruse, dont ils employèrent plusieurs sortes. Celle qui eut le plus de succès, du moins pendant quelque temps, fut de marcher en petites troupes, dont les commandans étaient vêtus en jésuites dans les lieux où ils savaient que ces zélés missionnaires cherchaient à faire des prosélytes : ils commençaient à y planter des croix ; ils faisaient de petits présens aux Indiens