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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/224

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« Les Américains qui habitent la grande île de Maragnan nomment leurs habitations oc ou tave : elles sont composées de quatre longs édifices qui forment un carré avec une grande cour au milieu. Chaque côté est ordinairement long de deux cents pieds ; mais dans quelques-unes il en a jusqu’à cinq cents. Leur largeur est de vingt ou trente pieds. Ce sont de grands troncs d’arbres, dont les intervalles sont remplis par des branches entrelacées ; et, du pied jusqu’au sommet, tout est revêtu de feuilles de palmier. On y voit plusieurs centaines d’Américains qui vivent paisiblement sous le même toit. L’île contient vingt-sept bourgs ou villages de cette forme ; et l’évaluation des principaux fit juger aux Français qu’elle n’avait pas moins de 10 ou 12,000 habitans.

« Le ciel est ordinairement pur et serein dans cette île : on n’y sent presque aucun froid. La sécheresse n’y est point immodérée, comme le brouillard n’y est jamais épais, ni les vapeurs nuisibles à la santé. On n’y connaît point les tempêtes ni les tourbillons de vent : il n’y est jamais tombé de grêle ni de neige ; le tonnerre y est très-rare, ou ne se fait guère entendre que dans la saison des pluies. On y voit assez souvent des éclairs vers le soir, et le matin même, tandis que l’air est le plus serein. Lorsque le soleil retourne du tropique du capricorne vers celui du cancer, il chasse des pluies devant lui dans toutes ces régions, quarante jours au plus avant d’arriver à leur zénith ;