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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/225

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ensuite, aussitôt qu’il a passé, on éprouve pendant deux ou trois mois, des pluies continuelles, suivant la différence des climats. Dans l’île de Maragnan, il pleut depuis la fin de février jusqu’au commencement ou vers le milieu de juin. Après le solstice d’été, lorsque le soleil revient vers le tropique du capricorne, les vents d’est, qui se nomment brises, commencent à se lever, et se fortifient à mesure qu’il s’approche du zénith, comme ils s’affaiblissent à mesure qu’il s’en éloigne. Ils se lèvent ordinairement après le crépuscule, c’est-à-dire à sept ou huit heures du matin, et leur violence augmente à proportion qu’il monte sur l’horizon. L’après-midi, ils perdent insensiblement leur force, et le soir ils cessent tout-à-fait de souffler. Dans l’île et dans le continent voisin, on ne sent point d’autre vent que celui d’est, qui rafraîchit l’air, et le rend fort sain. À si peu de distance de l’équateur, les jours et les nuits sont égaux, la température presque toujours la même, et l’on aurait peine à trouver un pays dont le climat soit plus agréable.

Quoique l’île soit environnée d’eau de mer, elle n’en abonde pas moins en sources d’eau douce, la plus pure et la plus saine, d’où se forment plusieurs ruisseaux qui l’arrosent. Aussi la terre y est-elle si fertile, que, sans secours et sans repos, elle produit en trois mois une abondante moisson de maïs, avec toutes sortes de fruits, de légumes et de racines à proportion. Les marchandises qu’elle