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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/258

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Moripione. Quoiqu’ils se fussent défendus avec beaucoup de courage du matin au soir, et qu’après avoir épuisé toute leur provision de poudre, ils fussent sortis, chacun avec une épée à deux mains, dont ils avaient fait un grand carnage, ils n’avaient pu supporter une multitude d’ennemis qui s’étaient obstinés à les prendre. Ils eurent le malheur de tomber entre leurs mains. J’achetai la dépouille de l’un, qui consistait en quelques habits de buffle. Un de nos interprètes eut pour deux couteaux un grand plat d’argent qui s’était trouvé dans leur maison. Nous apprîmes des sauvages mêmes qu’après les avoir conduits dans leur habitation, ils avaient commencé par leur arracher la barbe ; qu’ensuite ils les avaient tués et mangés cruellement ; et que, loin d’être attendris de leurs plaintes, ils leur avaient reproché de ne pas savoir mourir avec honneur. »

Enfin, comme tout est précieux dans un voyageur de bonne foi, lorsqu’il ne raconte que ce qui s’est passé sous ses yeux, Léry ajoute « qu’un jour les Topinamboux, alliés des Français las d’une trop grande tranquillité, qui leur faisait perdre le goût de la chair humaine, se souvinrent qu’ils avaient dans leur voisinage une habitation de Margajas qui, s’étaient rendus à leur nation depuis vingt ans et qu’ils avaient laissé vivre en paix. Mais, sous prétexte qu’ils étaient issus de leurs plus mortels ennemis, ils prirent la résolution de les détruire. La nuit fut prise pour cette expé-