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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/259

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dition. Ils firent un tel carnage, que les cris des mourans se firent entendre de fort loin. Plusieurs Français, qui en furent informés vers minuit, partirent bien armés dans une grande barque pour se rendre à ce village qui n’était pas éloigné du fort. Mais, avant qu’ils y pussent arriver, les furieux Topinamboux avaient mis le feu aux maisons, et fait main basse sur les habitans qui en étaient sortis. » Léry n’était pas du détachement français ; mais il apprit des autres qu’ils avaient vu quantité d’hommes et de femmes en pièces sur les boucans, et des enfans rôtis tout entiers. Quelques-uns néanmoins s’étaient sauvés par mer à la faveur des ténèbres, et vinrent demander un asile dans le fort français. Ils y furent reçus fort humainement ; mais les Topinamboux, qui ne furent pas long-temps sans en être avertis, en firent des plaintes fort vives, et ne consentirent à les laisser sous la protection des français qu’après avoir été apaisés par des présens.

Avec un goût si vif pour la chair humaine, non-seulement les Brasiliens se bornent à manger leurs ennemis, mais dans leurs guerres même, ils ne mangent que ceux qui tombent vifs entre leurs mains, et qu’ils tuent avec certaines formalités. On ne remarque point qu’après un combat dont ils ont remporte l’avantage, et qui les a laissés maîtres du champ de bataille, ils se soient arrêtés à dévorer les corps des vaincus ; et tous leurs efforts semblent se