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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/340

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qu’ils avaient fait périr par un infâme supplice ; qu’il n’avait pas oublié avec quelle rigueur ils l’avaient tenu dans les chaînes et promené comme un chien jusqu’à ce qu’il eût payé cent plaques d’or pour sa rançon ; que, depuis qu’il était cacique, ils avaient tâché plusieurs fois de le surprendre, mais qu’ils ne lui pardonneraient pas l’alliance que je lui proposais. Il me dit encore : « Après avoir tout employé pour soulever mes peuples contre moi, ils ont enlevé Aparacano, un de mes neveux, qu’ils ont fait baptiser sous le nom de don Juan : ils l’ont armé et vêtu à l’espagnole, et je sais qu’ils l’excitent par l’espérance de ma succession à me déclarer la guerre. » Enfin Topiaouari me pria de suspendre mes résolutions jusqu’à l’année suivante, et me promit que dans l’intervalle il disposerait les esprits en ma faveur. Entre diverses raisons qui lui faisaient détester les Eporémérios, il me raconta que dans leur dernière guerre ils avaient enlevé ou violé toutes les femmes de son pays. « Nous ne leur demandons que nos femmes, continua-t-il, car nous ne faisons aucun cas de leur or. » Il ajouta les larmes aux yeux : « Autrefois nous avions dix ou douze femmes, et nous sommes réduits maintenant à trois ou quatre, tandis que nos ennemis en ont cinquante et jusqu’à cent. » En effet, l’ambition de ces peuples consiste à laisser beaucoup d’enfans, pour rendre leurs fa-