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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/345

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n’est pas éloigné du fleuve. Il fallut passer la rivière de Cararopana, qui se jette dans l’Orénoque, et dont plusieurs petites îles rendent la vue fort agréable. Vers le soir nous arrivâmes au bord de l’Ouinicapara, qui se joint aussi à l’Orénoque. C’est à quelque distance de ce lieu qu’on me fit voir enfin la fameuse montagne que je cherchais ; mais, contre l’espérance du cacique, l’inondation était déjà si forte dans ce canton, qu’il nous fut impossible d’en approcher. Je fus réduit à contempler la montagne d’assez loin. Elle me parut fort haute, de la forme d’une tour, et de couleur blanche plutôt que jaune ; ce que je ne pus attribuer qu’à l’éloignement. Un torrent impétueux qui se précipitait du sommet, formé apparemment par les pluies continuelles de la saison, faisait un bruit que nous n’avions pas cessé d’entendre depuis quelques heures, et qui nous rendait presque sourds à la distance où nous étions. Je jugeai par le nom du pays, et par d’autres circonstances, que cette montagne était la même dont Berréo m’avait raconté différentes merveilles, telles que l’éclat des diamans et d’autres pierres précieuses qu’elle renferme dans toutes ses parties. Je n’oblige personne à me croire ; mais il est certain que j’y vis éclater une certaine blancheur. Cependant je dois ajouter aussi que Berréo n’y avait pas été lui-même, parce qu’outre l’inondation qui l’avait arrêté, les naturels du pays étaient mortels ennemis des Espagnols. Après avoir pris un peu