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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 16.djvu/353

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aux peuplades qui n’étaient pas défendues par des montagnes ; et, sans avoir beaucoup de puissance, ils faisaient beaucoup de mal. C’est du moins ce que dit à Keymis un officier du vieux cacique de Carapana, qui s’était bien repenti des premières complaisances qu’il avait eues pour les Espagnols. Comme Raleigh en avait été très-bien reçu, Keymis s’empressa de le visiter.

À quelque distance du port de Carapana, il vit paraître cinq ou six canots, qui semblaient venir au-devant de lui sans aucune marque de crainte. Il mouilla pour les recevoir. C’était une députation du cacique, qui le faisait prier de ne pas descendre devant sa bourgade, mais qui promettait de le venir voir à bord. Plusieurs jours se passèrent à l’attendre. Enfin un Indien fort âgé vint déclarer de sa part qu’il était vieux, faible, malade, et que les chemins étaient trop mauvais pour lui permettre de se rendre au bord du fleuve. Le confident du cacique ne dissimula point aux Anglais que, dans l’espérance de leur retour, son maître avait passé le temps de leur absence dans des montagnes inaccessibles ; que les Espagnols, irrités du refus qu’il avait fait de leur fournir des vivres, lui avaient enlevé une partie de ses femmes ; que don Juan, qui se faisait surnommer Eparacamo, avait pris le commandement du pays, et ne lui avait laissé qu’un petit nombre d’hommes, qui ne l’avaient pas quitté dans sa retraite ; que, se rappelant avec